Architecture d’entreprise : aperçu des méthodes les plus utilisées
L’architecture d’entreprise, cadre structurant pour les nombreux métiers et activités d’une société, est aujourd’hui une aide précieuse au pilotage des grandes transformations. L’urbanisation des systèmes d’information, à la base d’un bon fonctionnement des différentes strates d’une entreprise, est d’autant plus cruciale à l’ère des échanges massifs de données et des applications numériques de pointe. Pour les décideurs, il est donc essentiel d’opérer des changements réfléchis, efficaces sur le long terme. Si les méthodes de structuration sont nombreuses, certaines, telles que le cadre Zachman ou le TOGAF, font office de standards et assurent, grâce à une modélisation exhaustive, une conduite du changement efficace et sereine.
L’architecture d’entreprise et le besoin de structuration
Outil de pilotage né dans les années 70, l’architecture d’entreprise est un cadre donné aux divers composants d’une entreprise. Exploitant la notion de « couches », elle distingue notamment les composantes métier, technique, fonctionnelle ou encore applicative.
Principalement destinée à la définition d’une stratégie pour les SI, l’architecture d’entreprise permet de mieux comprendre, dans leur globalité, toutes les contraintes et besoins de chaque métier, et de planifier en conséquence les logiciels et fonctionnalités nécessaires.
Les systèmes d’information étant aujourd’hui soumis à de fortes charges de travail et recevant des demandes souvent peu structurées, l’emploi d’une architecture est souvent le bienvenu. Génératrice d’économies et de gain de temps, l’urbanisation des SI est également source de flexibilité, offrant de meilleures possibilités de s’adapter au changement.
A l’heure ou la transition numérique bouleverse les stratégies d’entreprise et crée un contexte plus évolutif qu’autrefois, les systèmes d’information, parfois retardés par leur structure rigide, gagnent à prioriser intelligemment les besoins et à mettre en place des outils d’échange performants.
Le cadre Zachman, méthode structurante d’architecture d’entreprise
Apparu chez IBM en 1987, le cadre Zachman (originellement Zachman Framework for Information Systems Architecture) est une approche rigoureuse croisant plusieurs paramètres de l’entreprise pour la définition d’un cadre à deux dimensions :
- D’une part, les interrogations basiques « qui, quoi, où, comment, quand, pourquoi » servant à qualifier un besoin
- D’autre part, les typologies d’acteurs de l’entreprise pouvant potentiellement exprimer ce besoin. Six groupes sont alors distingués : les visionnaires, propriétaires, concepteurs, réalisateurs, sous-traitants et exécutants
La matrice ainsi obtenue permet d’établir une vue d’ensemble d’un système, même complexe, et de bien comprendre les contraintes liées à chaque perspective. Par ailleurs, son exhaustivité contribue à mettre en évidence les éventuelles incohérences ou redondances entre les différents processus de l’entreprise.
Ainsi, il est possible d’envisager les composantes administrative, SI ou technologique de l’entreprise de manière globale, mais aussi avec un niveau de précision approfondi.
Les responsables informatiques en particulier, mais aussi les décideurs d’entreprise peuvent donc considérer avec du recul toutes les couches de l’entreprise et définir des outils appropriés pour une urbanisation qui réponde à tous les besoins.
Si l’approche de Zachman a peu changé depuis sa création, la représentation graphique de la matrice et le vocabulaire employés ont été adaptés au fil des ans pour offrir une représentation schématique plus subtile. La notion de transformation entre les modèles présentés verticalement et d’intégration entre les éléments listés horizontalement a peu à peu été intégrée pour obtenir, au début des années 2010, un modèle affiné et plus explicite.
Simplifiant ainsi la vision de l’entreprise et de ses workflows, le cadre Zachman met cependant en œuvre une quantité très importante d’informations en peu d’éléments, offrant une efficacité redoutable aux intervenants qui l’exploitent, notamment les responsables des systèmes d’information.
TOGAF, un standard montant
Le TOGAF (ou The Open Group Achitecture Framework) est une autre méthode d’urbanisation de l’informatique d’entreprise. Né dans les années 1990 à l’initiative de géants de l’informatique tels que IBM, Hitachi, Sun Microsystems et Fujitsu, il a été conçu pour apporter une aide intuitive à la conception d’une nouvelle architecture d’entreprise et des bonnes pratiques simples à systématiser. Son fonctionnement cyclique permet de choisir les bonnes solutions, mais aussi d’opérer un déploiement fiable et, par la suite, des mises à jour efficaces. Cette solution est particulièrement employée lors de changements majeurs d’organisation tels que les fusions d’entreprises, ou la refonte complète d’une organisation vieillissante.
La méthode TOGAF fonctionne en trois phases. Fondement de la méthode, la première de ces phases, l’Architecture Development Method, permet d’établir huit étapes types (liées à des besoins et exigences internes) pour définir un cycle d’action logique pouvant s’étaler sur une période de 6 mois à 2 ans. Suivent la classification des éléments produits via la méthode, ainsi que la définition des rôles et du cadre d’action des parties prenantes.
Bénéficiant d’une popularité constante depuis les années 2000, le cadre TOGAF est désormais un standard largement répandu. Sa flexibilité et l’intuitivité de sa mise en œuvre permettent l’intégration pas à pas d’une architecture d’entreprise cohérente et pérenne.
Les versions les plus récentes ont permis à l’outil de progresser dans la manière de formaliser les livrables, mais aussi de mieux connecter les aspects technique et fonctionnel du système d’information. Visant l’exhaustivité, le TOGAF couvre un nombre toujours croissant de métiers et de besoins, chaque phase étant régulièrement affinée pour générer une économie de coûts.
Tout comme la méthode Zachman, le cadre TOGAF reste une solution complexe, nécessitant d’en avoir une véritable maîtrise pour assurer une bonne mise en œuvre. La souplesse des méthodes employées et la richesse de la modélisation permettent cependant à cette solution de répondre à presque tous les besoins, justifiant largement sa popularité.